Modélisation d'une Fracture Hydraulique
Contexte : L'ingénierie des géo-énergies.
La fracturation hydraulique est une technique d'ingénierie cruciale utilisée pour améliorer la perméabilité des massifs rocheux. En injectant un fluide sous haute pression dans un forage, on initie et propage une fracture, créant ainsi un chemin pour l'écoulement des fluides. Cette méthode est fondamentale pour l'exploitation des réservoirs de pétrole et de gaz non conventionnels, la production d'énergie géothermique et même pour certaines applications de génie civil. Cet exercice vous guidera à travers le calcul de la pression nécessaire pour initier une telle fracture, en se basant sur les principes de la mécanique des roches et l'analyse des contraintes autour d'un puits de forage.
Remarque Pédagogique : Cet exercice illustre la démarche du géo-mécanicien. À partir de l'état de contrainte naturel de la roche et de ses propriétés mécaniques, nous allons utiliser les équations de Kirsch pour déterminer la concentration de contraintes autour du forage, puis appliquer un critère de rupture en traction pour calculer la "pression de claquage" (breakdown pressure) qui déclenche la fracturation.
Objectifs Pédagogiques
- Comprendre le concept de contraintes in-situContraintes naturelles existant dans un massif rocheux avant toute excavation, dues au poids des terrains et aux mouvements tectoniques. et de pression de pore.
- Appliquer les équations de KirschSolution analytique décrivant la distribution des contraintes autour d'un trou circulaire dans une plaque infinie et chargée. pour calculer les contraintes autour d'un forage.
- Utiliser le principe de la contrainte effectivePrincipe de Terzaghi : la contrainte qui contrôle la déformation et la rupture d'un matériau poreux est la contrainte totale moins la pression du fluide contenu dans les pores..
- Déterminer la pression de fluide nécessaire pour initier une fracture en traction.
- Prédire l'orientation de la fracture induite par rapport aux contraintes principales.
Données de l'étude
Schéma des contraintes autour du forage (vue de dessus)
Modèle 3D interactif du massif rocheux
Paramètre | Symbole | Valeur | Unité |
---|---|---|---|
Contrainte horizontale maximale | \(\sigma_H\) | 25 | \(\text{MPa}\) |
Contrainte horizontale minimale | \(\sigma_h\) | 15 | \(\text{MPa}\) |
Pression de pore | \(P_p\) | 10 | \(\text{MPa}\) |
Résistance en traction de la roche | \(T_0\) | 5 | \(\text{MPa}\) |
Questions à traiter
- Calculer la contrainte tangentielle (\(\sigma_{\theta\theta}\)) à la paroi du forage aux points alignés avec les contraintes principales \(\sigma_H\) et \(\sigma_h\).
- Déterminer en quel point de la paroi la contrainte tangentielle est la plus faible (la plus susceptible de devenir une traction).
- Calculer la pression de fluide critique \(P_c\) (pression de claquage) nécessaire pour initier une fracture.
- Prédire la direction dans laquelle la fracture va se propager.
Les bases de la mécanique des roches pour la fracturation
Avant de commencer, rappelons quelques principes fondamentaux.
1. Contraintes autour d'un puits (Équations de Kirsch) :
Un forage modifie localement les contraintes. À la paroi du puits (\(r=a\)), la contrainte tangentielle \(\sigma_{\theta\theta}\) (qui fait le tour du puits) est donnée par :
\[ \sigma_{\theta\theta} = (\sigma_H + \sigma_h) - 2(\sigma_H - \sigma_h)\cos(2\theta) - P_w \]
Où \(\theta\) est l'angle mesuré depuis la direction de \(\sigma_H\), et \(P_w\) est la pression du fluide dans le puits.
2. Principe de la contrainte effective de Terzaghi :
La rupture de la roche n'est pas gouvernée par la contrainte totale, mais par la contrainte "effective" \(\sigma'\), qui est la contrainte totale \(\sigma\) supportée par le squelette solide de la roche, diminuée de la pression du fluide \(P_p\) dans les pores :
\[ \sigma' = \sigma - P_p \]
Une contrainte de compression peut devenir une contrainte de traction effective si la pression de pore est suffisamment élevée.
3. Critère de rupture en traction :
Une fracture s'initie lorsque la contrainte effective minimale (\(\sigma'_3\)) devient une traction qui dépasse la résistance en traction de la roche (\(T_0\)). Pour la fracturation hydraulique, on cherche le point où la contrainte tangentielle effective \(\sigma'_{\theta\theta}\) atteint la valeur de \(-T_0\).
\[ \sigma'_{\theta\theta} = \sigma_{\theta\theta} - P_p = -T_0 \]
Correction : Modélisation d'une Fracture Hydraulique
Question 1 : Calculer la contrainte tangentielle à la paroi
Principe (le concept physique)
Le forage agit comme un concentrateur de contraintes. La contrainte tangentielle autour du trou n'est pas uniforme. Elle est maximale dans la direction de la contrainte régionale la plus faible, et minimale dans la direction de la contrainte régionale la plus forte. Nous allons calculer ces valeurs extrêmes.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
Les équations de Kirsch montrent que pour un trou non pressurisé, la contrainte tangentielle à \(\theta=90^\circ\) (aligné avec \(\sigma_h\)) est \(3\sigma_H - \sigma_h\), et à \(\theta=0^\circ\) (aligné avec \(\sigma_H\)) est \(3\sigma_h - \sigma_H\). C'est cette dernière qui est la plus faible et donc la plus critique pour la fracturation.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Imaginez que vous serrez un anneau en caoutchouc entre vos doigts. Il s'écrase dans la direction où vous serrez, mais il s'étire (entre en traction) sur les côtés. C'est un peu ce qui se passe pour la roche autour du forage : la compression dans une direction induit une traction (ou une moindre compression) à 90 degrés.
Normes (la référence réglementaire)
Il n'y a pas de "norme" au sens de l'Eurocode ici. Les calculs sont basés sur des solutions analytiques fondamentales de la mécanique des milieux continus, établies par Kirsch en 1898 et adaptées par la suite par des géo-mécaniciens comme Hubbert & Willis.
Formule(s) (l'outil mathématique)
Contrainte tangentielle totale à la paroi (sans pression de puits pour l'instant) :
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que la roche est un matériau élastique, homogène et isotrope, et que le forage est très long par rapport à son diamètre (déformation plane).
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Contrainte horizontale maximale, \(\sigma_H = 25 \, \text{MPa}\)
- Contrainte horizontale minimale, \(\sigma_h = 15 \, \text{MPa}\)
Astuces(Pour aller plus vite)
Le terme \(\cos(2\theta)\) est la clé. Pour le point aligné avec \(\sigma_H\), \(\theta = 0^\circ\), donc \(\cos(0) = 1\). Pour le point aligné avec \(\sigma_h\), \(\theta = 90^\circ\), donc \(\cos(180^\circ) = -1\).
Schéma (Avant les calculs)
Points d'intérêt sur la paroi du forage
Calcul(s) (l'application numérique)
1. Au point A (\(\theta = 0^\circ\), aligné avec \(\sigma_H\)) :
2. Au point B (\(\theta = 90^\circ\), aligné avec \(\sigma_h\)) :
Schéma (Après les calculs)
Contraintes tangentielles à la paroi
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Comme attendu, la contrainte est maximale (60 MPa) dans la direction de la contrainte minimale (\(\sigma_h\)), et minimale (20 MPa) dans la direction de la contrainte maximale (\(\sigma_H\)). C'est ce point de moindre compression qui va se rompre en premier.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
L'erreur la plus commune est de se tromper dans l'angle \(\theta\). Il est crucial de bien définir l'origine (\(\theta=0\) est toujours la direction de \(\sigma_H\)). Une autre erreur est d'oublier le facteur 2 dans le terme \(\cos(2\theta)\).
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- Un forage concentre les contraintes.
- La contrainte tangentielle est minimale dans la direction de la contrainte maximale (\(\sigma_H\)).
- La contrainte tangentielle est maximale dans la direction de la contrainte minimale (\(\sigma_h\)).
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Ce phénomène de concentration de contraintes est universel. C'est la raison pour laquelle les hublots des avions sont ronds et non carrés : les coins d'un carré concentreraient les contraintes de manière extrême, menant à des fissures.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si \(\sigma_H = 30 \, \text{MPa}\) et \(\sigma_h = 10 \, \text{MPa}\), quelle serait la contrainte tangentielle minimale en MPa ?
Question 2 : Déterminer le point le plus critique pour la rupture
Principe (le concept physique)
Une fracture hydraulique est une fracture de traction. Elle se formera donc à l'endroit où la roche est la moins comprimée, car c'est là qu'il sera le plus facile pour la pression du fluide d'annuler cette compression et de provoquer une traction. Le point critique est donc celui où la contrainte tangentielle \(\sigma_{\theta\theta}\) est minimale.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
La théorie de la rupture de Griffith pour les matériaux fragiles stipule que la rupture se produit à partir de micro-fissures préexistantes. Ces fissures se propagent lorsque la contrainte de traction à leur extrémité dépasse un seuil critique. Ce seuil est atteint en premier là où la contrainte de compression globale est la plus faible, car c'est là que la traction locale est la plus forte.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
En ingénierie, on cherche toujours le "maillon faible". Pour la rupture d'une chaîne, c'est l'anneau le moins résistant. Pour la fracturation d'une roche autour d'un puits, c'est le point le moins comprimé. L'approche est la même : identifier le point le plus critique et s'assurer qu'il résiste.
Normes (la référence réglementaire)
Les meilleures pratiques de l'industrie (par exemple, celles de la Society of Petroleum Engineers - SPE) sont basées sur ce principe fondamental : l'initiation de la fracture se produit au point de concentration de contrainte minimale sur la paroi du puits.
Formule(s) (l'outil mathématique)
La condition pour trouver le point critique est de trouver l'angle \(\theta\) qui minimise \(\sigma_{\theta\theta}\). C'est une simple comparaison des valeurs calculées à la question précédente.
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que la roche est homogène et que sa résistance en traction \(T_0\) est la même tout autour du forage. Si la roche avait une "foliation" (comme l'ardoise), la rupture pourrait se produire dans une direction de moindre résistance, même si la contrainte n'y est pas minimale.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
On utilise les résultats de la Question 1 :
- \(\sigma_{\theta\theta, \text{A}} = 20 \, \text{MPa}\) (à \(\theta=0^\circ\))
- \(\sigma_{\theta\theta, \text{B}} = 60 \, \text{MPa}\) (à \(\theta=90^\circ\))
Astuces(Pour aller plus vite)
Pas besoin de calculs complexes. Il suffit de regarder la formule de Kirsch : pour minimiser \(\sigma_{\theta\theta}\), il faut maximiser le terme qui est soustrait, soit \(2(\sigma_H - \sigma_h)\cos(2\theta)\). Comme \(\sigma_H > \sigma_h\), il faut que \(\cos(2\theta)\) soit maximal, c'est-à-dire \(\cos(2\theta)=1\), ce qui arrive pour \(\theta=0^\circ\).
Schéma (Avant les calculs)
Distribution des Contraintes Tangentielles
Calcul(s) (l'application numérique)
C'est une déduction logique, pas un calcul. On compare les deux valeurs extrêmes :
Schéma (Après les calculs)
Identification du Point Critique
Réflexions (l'interprétation du résultat)
D'après les calculs de la question 1, la contrainte tangentielle minimale est de 20 MPa et se situe aux points A et A' (\(\theta = 0^\circ\) et \(\theta = 180^\circ\)). Ces points sont situés sur la paroi du puits, dans l'axe de la contrainte horizontale maximale \(\sigma_H\).
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Il ne faut pas supposer que la contrainte la plus faible est toujours dans le plan horizontal. Dans certains contextes tectoniques (régimes extensifs), la contrainte verticale peut être la contrainte principale intermédiaire ou minimale, ce qui changerait l'orientation de la fracture.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
La fracture s'initie toujours au point de la paroi du puits où la contrainte tangentielle est la plus faible. Ce point est toujours aligné avec la direction de la contrainte principale majeure (\(\sigma_H\)).
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Au point de contrainte tangentielle maximale (\(\theta=90^\circ\)), un autre type de rupture peut se produire : la rupture par compression, qui crée des "éclatements" (borehole breakouts). La forme de ces éclatements, souvent mesurée par des outils acoustiques, est un excellent indicateur de la direction des contraintes horizontales.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si \(\sigma_{\theta\theta}\) au point A vaut 15 MPa et au point B vaut 45 MPa, quel point est le plus critique ?
Question 3 : Calculer la pression de claquage \(P_c\)
Principe (le concept physique)
Pour rompre la roche, il faut que la contrainte effective devienne une traction égale à la résistance en traction de la roche. On augmente la pression du fluide \(P_w\) dans le puits. Cette pression agit de l'intérieur vers l'extérieur, s'opposant à la contrainte de compression tangentielle. Simultanément, elle s'infiltre dans les pores de la roche et augmente la pression de pore \(P_p\), ce qui aide aussi à "écarter" les grains de roche. La rupture a lieu quand la combinaison de ces effets surmonte la compression initiale et la cohésion de la roche.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
La formule de Hubbert et Willis est un pilier de la géo-mécanique. Elle relie la pression de claquage \(P_c\) aux contraintes in-situ, à la pression de pore et à la résistance de la roche. Elle est dérivée du critère de rupture \(\sigma'_{\theta\theta} = -T_0\) au point le plus critique (\(\theta = 0^\circ\)), où la contrainte tangentielle totale induite par les contraintes in-situ est \(3\sigma_h - \sigma_H\). La pression de puits \(P_c\) s'ajoute comme une pression hydrostatique, donc le critère devient \( (3\sigma_h - \sigma_H - P_c) - P_p = -T_0 \). En réarrangeant, on obtient la formule classique.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Pensez à un bilan de forces sur la paroi du puits. Les contraintes de la roche (\(3\sigma_h - \sigma_H\)) et la pression de pore (\(P_p\)) "serrent" la roche. La pression d'injection (\(P_c\)) et la résistance de la roche (\(T_0\)) s'y opposent. La fracturation a lieu à l'équilibre : \(Pression_{\text{interne}} = Pression_{\text{externe}} + Résistance\).
Normes (la référence réglementaire)
Cette formule est une référence dans l'industrie pétrolière et géothermique. Des documents de l'American Petroleum Institute (API) et de la Society of Petroleum Engineers (SPE) décrivent les procédures de test et d'interprétation basées sur ce modèle fondamental.
Formule(s) (l'outil mathématique)
Critère de rupture au point critique (\(\theta=0\)) :
En isolant la pression de claquage \(P_c\) :
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que la pression de pore à la paroi du forage s'équilibre instantanément avec la pression du fluide injecté (pas d'effets de filtration ou de délai). C'est une hypothèse simplificatrice pour un fluide qui pénètre la roche.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- \(\sigma_H = 25 \, \text{MPa}\)
- \(\sigma_h = 15 \, \text{MPa}\)
- \(P_p = 10 \, \text{MPa}\)
- \(T_0 = 5 \, \text{MPa}\)
Astuces(Pour aller plus vite)
Toutes les données sont en MPa, le calcul est donc direct et le résultat sera en MPa. C'est une formule simple, mais il faut faire attention aux signes. La contrainte maximale \(\sigma_H\) et la pression de pore \(P_p\) réduisent la pression de claquage nécessaire.
Schéma (Avant les calculs)
Bilan des pressions au point critique
Calcul(s) (l'application numérique)
On applique directement la formule :
Schéma (Après les calculs)
Équilibre des pressions à la rupture
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Il faut injecter le fluide dans le forage à une pression d'au moins 15 MPa pour initier une fracture. Cette valeur est égale à la contrainte minimale (15 MPa), ce qui est un cas particulier dû aux valeurs de Pp et T0. La pression doit non seulement vaincre la contrainte minimale qui tend à garder la fracture fermée, mais aussi la résistance propre de la roche, tout en étant aidée par la pression de pore.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
L'erreur la plus fréquente est une mauvaise application de la formule, notamment en inversant \(\sigma_H\) et \(\sigma_h\). Rappelez-vous que la pression de claquage est principalement contrôlée par la plus petite des contraintes (\(3\sigma_h\)), car c'est elle qui s'oppose le moins à l'ouverture de la fracture.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- La pression de claquage dépend des 3\(\sigma_h\), \(\sigma_H\), \(P_p\) et \(T_0\).
- Une forte contrainte minimale \(\sigma_h\) augmente la pression de claquage.
- Une forte contrainte maximale \(\sigma_H\) ou une forte pression de pore \(P_p\) diminuent la pression de claquage.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
En pratique, une fois la fracture initiée, la pression nécessaire pour la propager chute brutalement à une valeur plus faible, appelée "pression de propagation". Mesurer ces différentes pressions en fond de puits est la principale méthode pour déterminer l'état de contrainte des roches en profondeur.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si la résistance de la roche \(T_0\) était nulle (roche pré-fissurée), quelle serait la pression de claquage \(P_c\) en MPa ?
Question 4 : Prédire la direction de propagation de la fracture
Principe (le concept physique)
Une fracture est une surface de discontinuité. Pour s'ouvrir, elle doit écarter les deux lèvres de la roche. Il est énergétiquement beaucoup plus facile d'écarter la roche dans la direction où elle est le moins comprimée. Par conséquent, une fracture hydraulique s'ouvre toujours contre la contrainte principale minimale et son plan est donc perpendiculaire à cette direction.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
Ce principe est une application directe du premier principe de la thermodynamique. Un système physique évolue toujours vers un état d'énergie potentielle minimale. Créer une fracture demande de l'énergie (énergie de surface). Le système minimisera cette dépense en choisissant le chemin de moindre résistance, qui correspond à l'ouverture contre la contrainte de compression la plus faible (\(\sigma_3\)).
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
C'est une règle très intuitive et puissante. Pensez à une bûche de bois : il est plus facile de la fendre dans le sens des fibres (direction de moindre résistance) que perpendiculairement. Pour la roche, les "fibres" sont invisibles, elles sont définies par la direction des contraintes.
Normes (la référence réglementaire)
Ce principe est un des fondements de la géo-mécanique appliquée. La prédiction de l'orientation des fractures est si cruciale que des consortiums industriels entiers (comme le "Hydraulic Fracturing Test Site") sont dédiés à la validation de ces modèles sur le terrain.
Formule(s) (l'outil mathématique)
Il ne s'agit pas d'une formule mais d'une règle fondamentale :
Dans notre cas, la contrainte principale minimale est \(\sigma_3 = \sigma_h\).
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que la contrainte verticale est supérieure aux contraintes horizontales, ce qui est typique dans de nombreux bassins sédimentaires. Si la contrainte verticale était la plus faible, la fracture serait horizontale.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Direction de \(\sigma_H\) (par exemple Est-Ouest)
- Direction de \(\sigma_h\) (par exemple Nord-Sud)
Astuces(Pour aller plus vite)
Retenez simplement : "La fracture s'aligne avec la plus grande contrainte". Si \(\sigma_H\) est Est-Ouest, la fracture se propagera sur un plan vertical orienté Est-Ouest.
Schéma (Avant les calculs)
Quelle orientation pour la fracture ?
Calcul(s) (l'application numérique)
Ce n'est pas un calcul, mais une application directe du principe : la contrainte minimale est \(\sigma_h\). Le plan de la fracture doit être perpendiculaire à cette direction. Il est donc aligné avec la direction de \(\sigma_H\).
Schéma (Après les calculs)
Orientation de la Fracture Induite
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Dans notre cas, le champ de contrainte est défini par \(\sigma_H\) et \(\sigma_h\). La contrainte principale minimale dans le plan horizontal est \(\sigma_h\). La fracture va donc se propager dans un plan vertical, perpendiculaire à la direction de \(\sigma_h\). Cela signifie que la fracture sera alignée avec la direction de la contrainte horizontale maximale, \(\sigma_H\).
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Ne confondez pas la direction d'initiation et la direction de propagation. La fracture s'initie aux points A et A' (alignés avec \(\sigma_H\)), puis les deux fissures créées se rejoignent et se propagent loin du puits dans un plan unique, toujours aligné avec \(\sigma_H\).
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- Les fractures s'ouvrent contre la contrainte la plus faible.
- Le plan de la fracture est perpendiculaire à la direction de la contrainte principale minimale (\(\sigma_3\)).
- Pour un forage vertical, la fracture est verticale et alignée avec la contrainte horizontale maximale (\(\sigma_H\)).
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
La connaissance de l'orientation des fractures est si importante pour le drainage des réservoirs que les compagnies pétrolières forent souvent des puits horizontaux perpendiculairement à la direction de la fracture attendue, afin de créer un réseau de fractures transversales qui maximise la surface de contact avec la roche.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si une fracture est observée orientée Est-Ouest, quelle est la direction de la contrainte horizontale MINIMALE (\(\sigma_h\)) ?
Outil Interactif : Simulation de la Fracturation
Modifiez les contraintes in-situ et les propriétés de la roche pour voir leur influence sur la pression de claquage et la distribution des contraintes.
Paramètres d'Entrée
Résultats Clés
Le Saviez-Vous ?
La fracturation hydraulique n'est pas un phénomène purement artificiel. Dans la nature, des "filons" de minéraux comme le quartz ou la calcite se forment par un processus similaire. De l'eau chaude riche en minéraux dissous, sous haute pression, s'infiltre dans des fissures de la roche. En se refroidissant, elle dépose les minéraux, créant des veines qui sont souvent recherchées par les géologues.
Foire Aux Questions (FAQ)
Et si le forage n'est pas vertical ?
Si le forage est incliné ou horizontal, le calcul est plus complexe. Il faut projeter le tenseur des contraintes in-situ (qui est en 3D) dans le repère local du forage pour trouver les contraintes agissant perpendiculairement à la paroi. La fracture s'initiera toujours perpendiculairement à la contrainte minimale à la paroi, mais son orientation pourra être complexe (ni purement verticale, ni purement horizontale).
Quel est l'impact du type de fluide injecté ?
La viscosité du fluide est un paramètre clé. Un fluide très visqueux (comme un gel) créera une fracture plus large mais moins longue, car il a du mal à s'écouler jusqu'au front de la fissure. Un fluide peu visqueux (comme de l'eau) créera une fracture plus longue et plus fine. Le choix du fluide dépend de l'objectif de la stimulation.
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. Si la contrainte horizontale minimale (\(\sigma_h\)) augmente, la pression nécessaire pour fracturer la roche...
2. Une fracture hydraulique se propage toujours...
- Contraintes In-Situ
- Contraintes naturelles existant dans un massif rocheux avant toute excavation, dues au poids des terrains et aux mouvements tectoniques. On distingue la contrainte verticale \(\sigma_v\), et les contraintes horizontales maximale \(\sigma_H\) et minimale \(\sigma_h\).
- Équations de Kirsch
- Solution analytique décrivant la distribution des contraintes autour d'un trou circulaire dans une plaque infinie, élastique et soumise à des contraintes à l'infini. C'est la base du calcul de la stabilité des tunnels et des forages.
- Pression de Claquage (Breakdown Pressure)
- Pression de fluide minimale qu'il faut appliquer dans un forage pour vaincre les contraintes de la roche et sa résistance en traction, et ainsi initier une nouvelle fracture.
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