Étude du Risque de Coup de Terrain (Rockburst) en Mine Profonde
Contexte : La mécanique des roches en grande profondeur.
L'exploitation minière à grande profondeur (souvent plus de 2000 mètres) induit des contraintes in-situLes contraintes naturelles existant dans un massif rocheux avant tout creusement. Elles augmentent avec la profondeur. extrêmement élevées. Lorsqu'un tunnel ou une galerie est excavé, ces contraintes se reconcentrent autour du vide créé. Si la roche est dure et fragile (ex: granite, quartzite) et que la contrainte induite dépasse sa résistance, l'énergie accumulée peut être libérée de manière explosive : c'est le coup de terrainPhénomène d'instabilité de roche violent et soudain, libérant une grande quantité d'énergie, typique des mines profondes et des roches dures. (ou "rockburst").
Remarque Pédagogique : Cet exercice vous apprendra à lier les concepts fondamentaux (contrainte lithostatique, concentration de contrainte, critère de rupture) pour évaluer un risque d'ingénierie majeur et bien réel.
Objectifs Pédagogiques
- Calculer les contraintes in-situ verticales et horizontales en fonction de la profondeur.
- Appliquer les équations de Kirsch pour déterminer la concentration de contrainte autour d'un tunnel circulaire.
- Estimer la résistance d'un massif rocheux à l'aide du critère de Hoek-Brown simplifié.
- Évaluer le risque de rupture fragile et de coup de terrain en comparant contrainte et résistance.
Données de l'étude
Fiche Technique
| Caractéristique | Valeur |
|---|---|
| Profondeur de la galerie (z) | 2500 m |
| Type de roche | Granite massif |
| Masse volumique de la roche (\(\rho\)) | 2700 kg/m³ |
Modélisation du Tunnel et Contraintes In-Situ
| [Nom du Paramètre] | [Description ou Formule] | [Valeur] | [Unité] |
|---|---|---|---|
| Accélération de la pesanteur (g) | Constante | 9.81 | m/s² |
| Rayon du tunnel (a) | Géométrie | 3.0 | m |
| Ratio contrainte horizontale (k) | \(\sigma_{\text{h}} / \sigma_{\text{v}}\) | 1.5 | - |
| Résistance (UCS) de la roche intacte (\(\sigma_{\text{ci}}\)) | Propriété de la roche | 180 | MPa |
| Indice de Force Géologique (GSI) | Qualité du massif rocheux | 85 | - |
| Constante (mi) de Hoek-Brown | Propriété de la roche | 25 | - |
Questions à traiter
- Calculer les contraintes in-situ (verticale \(\sigma_{\text{v}}\) et horizontale \(\sigma_{\text{h}}\)) à 2500 m de profondeur.
- En utilisant les équations de Kirsch, calculer la contrainte tangentielle maximale (\(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\)) à la paroi du tunnel.
- Calculer la résistance en compression de la masse rocheuse (\(\sigma_{\text{cmass}}\)) en utilisant le critère de Hoek-Brown (formule simplifiée).
- Comparer la contrainte maximale (\(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\)) à la résistance (\(\sigma_{\text{cmass}}\)) pour évaluer le risque de rupture.
- Calculer l'indice de contrainte (Stress-Strength Ratio, SSR) en utilisant \(\sigma_{\text{ci}}\) et commenter le risque de rockburst.
Les bases sur la Mécanique des Roches
Pour résoudre cet exercice, nous avons besoin de trois concepts clés :
1. Contraintes In-Situ
La contrainte verticale \(\sigma_{\text{v}}\) est due au poids des roches sus-jacentes. La contrainte horizontale \(\sigma_{\text{h}}\) est liée à \(\sigma_{\text{v}}\) par un ratio \(k\).
\[ \sigma_{\text{v}} = \rho \cdot g \cdot z \quad \text{et} \quad \sigma_{\text{h}} = k \cdot \sigma_{\text{v}} \]
2. Équations de Kirsch (Tunnel Circulaire)
Ces équations décrivent la contrainte autour d'un trou circulaire. La contrainte tangentielle \(\sigma_{\theta\theta}\) à la paroi (où \(r=a\)) est donnée par :
\[ \sigma_{\theta\theta} = (\sigma_{\text{v}} + \sigma_{\text{h}}) - 2(\sigma_{\text{h}} - \sigma_{\text{v}}) \cos(2\theta) \]
La contrainte maximale se trouve soit au toit (\(\theta=0^\circ\)), soit aux parements (\(\theta=90^\circ\)). Pour \(\theta=90^\circ\) (parements) : \(\cos(2 \cdot 90^\circ) = -1\), donc \(\sigma_{\theta\theta} = 3\sigma_{\text{h}} - \sigma_{\text{v}}\).
3. Critère de Hoek-Brown (Simplifié)
La résistance en compression uniaxiale de la *masse* rocheuse (\(\sigma_{\text{cmass}}\)) est inférieure à celle de la roche *intacte* (\(\sigma_{\text{ci}}\)). On l'estime avec le GSI :
\[ \sigma_{\text{cmass}} = \sigma_{\text{ci}} \cdot (s)^a \]
Avec \(a = 0.5\) (pour roches massives) et \(s = \exp\left(\frac{GSI - 100}{9}\right)\).
Correction : Étude du Risque de Coup de Terrain (Rockburst) en Mine Profonde
Question 1 : Calculer les contraintes in-situ (verticale \(\sigma_{\text{v}}\) et horizontale \(\sigma_{\text{h}}\))
Principe
Nous devons d'abord déterminer la pression exercée par le poids des 2500m de roche au-dessus de notre tunnel (contrainte verticale), puis utiliser le ratio \(k\) pour trouver la contrainte horizontale.
Mini-Cours
La contrainte lithostatique (verticale) est le produit de la masse volumique (\(\rho\)), de l'accélération de la pesanteur (\(g\)) et de la profondeur (\(z\)). La contrainte horizontale est un multiple de cette valeur, défini par le coefficient \(k\).
Remarque Pédagogique
Assurez-vous que vos unités sont cohérentes. Si \(\rho\) est en kg/m³, \(g\) en m/s² et \(z\) en m, le résultat sera en Pascals (Pa). Nous le convertirons en MégaPascals (MPa) pour une manipulation plus facile (1 MPa = 1 000 000 Pa).
Normes
Ce calcul de base (\(\rho g z\)) est un principe fondamental de la géostatique et de la mécanique des milieux continus.
Formule(s)
Contrainte verticale
Contrainte horizontale
Hypothèses
Nous supposons que la masse volumique de la roche est constante sur toute la profondeur et que la surface est plate.
- \(\rho = 2700\) kg/m³ (constant)
- \(g = 9.81\) m/s² (constant)
Donnée(s)
Nous utilisons les données de l'énoncé pour ce calcul.
| Paramètre | Symbole | Valeur | Unité |
|---|---|---|---|
| Masse volumique | \(\rho\) | 2700 | kg/m³ |
| Pesanteur | \(g\) | 9.81 | m/s² |
| Profondeur | \(z\) | 2500 | m |
| Ratio de contrainte | \(k\) | 1.5 | - |
Astuces
Pour estimer rapidement la contrainte verticale en MPa, on utilise souvent la règle "1 MPa pour 40m de profondeur" (ou 0.025 MPa/m). Vérifions : \(2500 \text{ m} \times 0.025 \text{ MPa/m} \approx 62.5 \text{ MPa}\). Notre calcul devrait être proche de cela.
Schéma (Avant les calculs)
Le schéma de l'énoncé montre bien \(\sigma_v\) agissant verticalement et \(\sigma_h\) horizontalement sur l'élément de roche où se trouvera le tunnel.
Contraintes sur un élément de roche
Calcul(s)
Nous effectuons le calcul étape par étape.
Étape 1 : Calcul de \(\sigma_{\text{v}}\) en Pascals (Pa)
On utilise la formule de la contrainte lithostatique \(\sigma_{\text{v}} = \rho g z\). On remplace chaque terme par sa valeur issue du tableau de données de l'énoncé : \(\rho = 2700\) kg/m³, \(g = 9.81\) m/s², et \(z = 2500\) m.
Étape 2 : Conversion de \(\sigma_{\text{v}}\) en MégaPascals (MPa)
Pour une manipulation plus simple, on convertit les Pascals (Pa) en MégaPascals (MPa). Puisque \(1 \text{ MPa} = 1 000 000 \text{ Pa}\), on divise le résultat de l'Étape 1 par \(10^6\).
Étape 3 : Calcul de \(\sigma_{\text{h}}\) en MPa
On utilise la formule \(\sigma_{\text{h}} = k \cdot \sigma_{\text{v}}\). On prend le ratio \(k=1.5\) (donné dans l'énoncé) et la valeur de \(\sigma_{\text{v}}\) que l'on vient de calculer à l'Étape 2.
Schéma (Après les calculs)
Les valeurs calculées montrent que \(\sigma_{\text{h}}\) est 1.5 fois plus grande que \(\sigma_{\text{v}}\). C'est un état de contrainte "anisotrope" courant en profondeur.
Réflexions
Nous avons des contraintes très élevées. \(\sigma_{\text{v}}\) (66.22 MPa) est la pression de 2500m de roche, et les contraintes horizontales (99.33 MPa) sont encore plus fortes. C'est ce \(k > 1\) qui est souvent critique pour la stabilité des tunnels.
Points de vigilance
L'erreur la plus commune est de se tromper dans les unités. Ne mélangez pas les Pascals et les MégaPascals. Faites toutes vos conversions à la fin. Notre estimation rapide (62.5 MPa) est proche de 66.22 MPa, ce qui est rassurant.
Points à retenir
La contrainte verticale \(\sigma_{\text{v}} = \rho g z\) est la base de tout calcul en mine profonde. Le ratio \(k = \sigma_{\text{h}} / \sigma_{\text{v}}\) est un paramètre clé qui dépend de la tectonique du site.
- \(\sigma_{\text{v}} \approx 66.2\) MPa
- \(\sigma_{\text{h}} \approx 99.3\) MPa
Le saviez-vous ?
Dans certaines régions du monde (comme le bouclier canadien ou scandinave), les contraintes horizontales (\(\sigma_h\)) peuvent être 2 à 3 fois supérieures à la contrainte verticale (\(\sigma_v\)) à cause des forces tectoniques résiduelles, augmentant considérablement le risque de rockburst.
FAQ
Voici quelques questions courantes sur cette étape.
Résultat Final
A vous de jouer
Calculez la contrainte verticale \(\sigma_{\text{v}}\) (en MPa) si le tunnel était à 3000 m de profondeur.
Mini Fiche Mémo
Synthèse de la Question 1 :
- Concept Clé : Contrainte lithostatique.
- Formule Essentielle : \(\sigma_{\text{v}} = \rho g z\) et \(\sigma_{\text{h}} = k \sigma_{\text{v}}\).
- Résultat Clé : \(\sigma_{\text{v}} = 66.2\) MPa, \(\sigma_{\text{h}} = 99.3\) MPa.
Question 2 : Calculer la contrainte tangentielle maximale (\(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\))
Principe
Le creusement du tunnel perturbe les contraintes in-situ. Elles ne peuvent plus "passer" par le centre et doivent "contourner" le vide. Cela crée une zone de forte concentration de contrainte sur les bords du tunnel (la paroi).
Mini-Cours
Les équations de Kirsch décrivent cette redistribution. Pour un champ de contrainte anisotrope (\(\sigma_{\text{h}} \neq \sigma_{\text{v}}\)), la contrainte tangentielle (\(\sigma_{\theta\theta}\)) à la paroi varie. La valeur maximale se produira là où le champ de contrainte in-situ le plus faible est "bloqué". Puisque \(\sigma_{\text{v}} < \sigma_{\text{h}}\), la concentration maximale sera là où \(\sigma_{\text{h}}\) domine, c'est-à-dire sur les parements (côtés, \(\theta=90^\circ\)).
Remarque Pédagogique
La formule \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} = 3\sigma_{\text{h}} - \sigma_{\text{v}}\) est un cas particulier de la formule de Kirsch pour \(\theta=90^\circ\). C'est souvent le point le plus critique dans un champ de contrainte où \(k > 1\). Si \(k < 1\), le max serait au toit et à la sole (\(\theta=0^\circ\)) avec la formule \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} = 3\sigma_{\text{v}} - \sigma_{\text{h}}\).
Normes
Les équations de Kirsch (1898) sont la pierre angulaire de la mécanique des roches pour l'analyse de la stabilité des tunnels circulaires en milieu élastique.
Formule(s)
Contrainte tangentielle (générale)
Contrainte tangentielle max (pour \(k > 1\), à \(\theta=90^\circ\))
Hypothèses
Nous supposons que la roche se comporte de manière élastique, linéaire et isotrope, et que le tunnel est infiniment long (analyse 2D).
Donnée(s)
Nous utilisons les résultats de la Question 1.
| Paramètre | Symbole | Valeur | Unité |
|---|---|---|---|
| Contrainte verticale | \(\sigma_v\) | 66.22 | MPa |
| Contrainte horizontale | \(\sigma_h\) | 99.33 | MPa |
Astuces
Notez que le rayon du tunnel (\(a\)) n'apparaît pas dans la formule de la contrainte *à la paroi*. En théorie élastique, la concentration de contrainte à la paroi d'un trou est indépendante de sa taille. (Attention: la *zone* de contrainte, elle, en dépend).
Schéma (Avant les calculs)
Le schéma montre comment les lignes de contrainte (initialement parallèles) se resserrent sur les côtés (parements) du tunnel, indiquant une augmentation de la contrainte.
Concentration de contrainte (\(k>1\))
Calcul(s)
Étape 1 : Application de la formule pour \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\)
Comme \(k=1.5 > 1\), la contrainte horizontale \(\sigma_{\text{h}}\) est supérieure à la contrainte verticale \(\sigma_{\text{v}}\). La concentration de contrainte maximale se produira donc aux parements (les côtés) du tunnel, où \(\theta=90^\circ\). On utilise la formule de Kirsch simplifiée pour ce cas : \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} = 3\sigma_{\text{h}} - \sigma_{\text{v}}\). On insère les valeurs calculées à la Question 1.
Schéma (Après les calculs)
On peut visualiser la distribution de \(\sigma_{\theta\theta}\) autour du tunnel. Elle est maximale (231.77 MPa) sur les côtés et minimale (au toit et à la sole) à \(3\sigma_{\text{v}} - \sigma_{\text{h}} = 3(66.22) - 99.33 = 99.33 \text{ MPa}\).
Réflexions
La contrainte tangentielle maximale à la paroi (231.77 MPa) est 2.3 fois plus élevée que la contrainte horizontale in-situ (99.33 MPa) et 3.5 fois plus élevée que la contrainte verticale (66.22 MPa). C'est cette amplification qui cause les problèmes.
Points de vigilance
Attention à bien identifier où se situe le maximum ! Si \(k < 1\), le maximum serait \(3\sigma_{\text{v}} - \sigma_{\text{h}}\). L'erreur est de toujours prendre la même formule sans réfléchir à l'orientation du champ de contrainte principal.
Points à retenir
Le creusement d'un tunnel agit comme une loupe pour les contraintes. La formule \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} = 3\sigma_{\text{h}} - \sigma_{\text{v}}\) (pour \(k>1\)) est essentielle pour quantifier cette concentration.
- \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} \approx 231.8\) MPa
Le saviez-vous ?
Pour combattre ces fortes contraintes tangentielles, les ingénieurs miniers ne creusent pas toujours des tunnels circulaires. Un tunnel en forme d'œuf ou de voûte gothique peut être plus stable, car sa géométrie est optimisée pour "suivre" les lignes de contrainte.
FAQ
...
Résultat Final
A vous de jouer
Calculez \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\) (en MPa) si le champ de contrainte était hydrostatique (\(k=1.0\)). (Indice: \(\sigma_{\text{v}} = \sigma_{\text{h}} = 66.22\) MPa).
Mini Fiche Mémo
Synthèse de la Question 2 :
- Concept Clé : Concentration de contrainte (Kirsch).
- Formule Essentielle : \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} = 3\sigma_{\text{h}} - \sigma_{\text{v}}\) (pour \(k>1\)).
- Résultat Clé : \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} \approx 231.8\) MPa.
Question 3 : Calculer la résistance de la masse rocheuse (\(\sigma_{\text{cmass}}\))
Principe
La contrainte calculée (231.8 MPa) doit être comparée à la *résistance* de la roche. Nous ne pouvons pas utiliser la résistance de l'échantillon intact (\(\sigma_{\text{ci}} = 180\) MPa) car le massif en place est affaibli par des micro-fractures et des joints. Nous utilisons le GSI pour dégrader cette résistance.
Mini-Cours
Le critère de Hoek-Brown permet d'estimer la résistance d'un massif rocheux. La formule simplifiée pour la résistance en compression uniaxiale du *massif* (\(\sigma_{\text{cmass}}\)) utilise la résistance intacte (\(\sigma_{\text{ci}}\)) et deux paramètres 's' et 'a' qui dépendent du GSI (et de la lithologie, mais 'a' est simplifié ici).
Remarque Pédagogique
Un GSI de 85 représente un massif rocheux de très bonne qualité, massif, avec peu de joints. Un GSI de 30 représenterait une roche très fracturée. Le GSI est une évaluation visuelle de la qualité du massif sur le terrain.
Normes
Le critère de Hoek-Brown est la norme de facto dans l'ingénierie des roches pour l'estimation de la résistance des massifs rocheux depuis les années 1980.
Formule(s)
Paramètre 's'
Résistance du massif (pour \(a=0.5\))
Hypothèses
Nous supposons un facteur de perturbation \(D=0\) (pas de dynamitage) et un exposant \(a=0.5\) (simplification pour les roches de bonne qualité).
Donnée(s)
Nous utilisons les données de l'énoncé.
| Paramètre | Symbole | Valeur | Unité |
|---|---|---|---|
| Résistance intacte | \(\sigma_{ci}\) | 180 | MPa |
| Indice GSI | GSI | 85 | - |
Astuces
Le terme \((GSI-100)/9\) sera toujours négatif, donc 's' sera toujours compris entre 0 et 1. Il agit comme un facteur de réduction.
Schéma (Avant les calculs)
L'image conceptuelle est celle d'un échantillon de laboratoire (intacte, \(\sigma_{ci}\)) par rapport à un grand volume de roche en place (massif, \(\sigma_{cmass}\)), qui contient des joints naturels.
Roche Intacte vs. Massif Rocheux
Calcul(s)
Étape 1 : Calcul du paramètre 's'
On remplace GSI par sa valeur de 85 (donnée dans l'énoncé) dans la formule du paramètre 's'.
Étape 2 : Calcul de \(\sigma_{\text{cmass}}\)
On utilise la formule \(\sigma_{\text{cmass}} = \sigma_{\text{ci}} \cdot \sqrt{s}\). On prend la valeur de \(\sigma_{\text{ci}}\) (180 MPa) dans l'énoncé et la valeur de 's' (0.1889) calculée à l'étape précédente.
Schéma (Après les calculs)
Le calcul montre que la résistance du massif (78.23 MPa) n'est que 43% de la résistance de la roche intacte (180 MPa), même pour un GSI "très bon" de 85.
Réflexions
La résistance *réelle* que le tunnel doit affronter est \(\sigma_{\text{cmass}}\), soit 78.23 MPa. C'est cette valeur que nous devons comparer à la contrainte induite de 231.77 MPa.
Points de vigilance
Ne jamais comparer la contrainte induite (\(\sigma_{\theta\theta}\)) à la résistance de la roche intacte (\(\sigma_{\text{ci}}\)) pour un massif rocheux. Cela surestimerait massivement la stabilité et serait dangereux.
Points à retenir
Le GSI est un outil puissant pour réduire la résistance de laboratoire (\(\sigma_{\text{ci}}\)) à une résistance de terrain (\(\sigma_{\text{cmass}}\)) plus réaliste.
- \(\sigma_{\text{cmass}} \approx 78.2\) MPa
Le saviez-vous ?
Le GSI (Geological Strength Index) a été développé par Evert Hoek dans les années 1990 spécifiquement parce que les anciens systèmes de classification (comme RMR ou Q) ne fonctionnaient pas bien pour estimer la résistance des massifs de faible qualité.
FAQ
...
Résultat Final
A vous de jouer
Calculez \(\sigma_{\text{cmass}}\) (en MPa) si le GSI n'était que de 75 (roche de qualité moyenne).
Mini Fiche Mémo
Synthèse de la Question 3 :
- Concept Clé : Critère de Hoek-Brown (Résistance du Massif).
- Formule Essentielle : \(\sigma_{\text{cmass}} = \sigma_{\text{ci}} \cdot \exp\left(\frac{GSI - 100}{18}\right)\).
- Résultat Clé : \(\sigma_{\text{cmass}} \approx 78.2\) MPa.
Question 4 : Comparer la contrainte maximale (\(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\)) à la résistance (\(\sigma_{\text{cmass}}\))
Principe
C'est le moment de vérité. Nous comparons la "demande" (la contrainte que la roche subit, \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\)) à la "capacité" (la contrainte que la roche peut supporter avant de rompre, \(\sigma_{\text{cmass}}\)).
Mini-Cours
Si \(\text{Contrainte} > \text{Résistance}\), il y a rupture. Si \(\text{Contrainte} < \text{Résistance}\), la galerie est stable (du point de vue de la rupture). Le rapport \(\text{FS} = \text{Résistance} / \text{Contrainte}\) est le Facteur de Sécurité. Un FS < 1.0 indique une rupture.
Remarque Pédagogique
Attention : cette comparaison ne prend pas en compte le confinement. En réalité, la roche à la paroi est confinée par la roche plus loin, ce qui augmente sa résistance (selon le critère de Hoek-Brown complet). Cependant, pour une analyse de "rockburst", la rupture est initiée à la paroi où le confinement \(\sigma_{\text{3}}\) est nul. Cette comparaison est donc une première étape critique.
Normes
L'analyse du Facteur de Sécurité (FS) est la base de toute conception en ingénierie.
Formule(s)
Critère de rupture simple
Facteur de Sécurité (FS)
Hypothèses
Nous supposons que la rupture à la paroi se produit lorsque la contrainte tangentielle dépasse la résistance uniaxiale du massif (confinement \(\sigma_{\text{3}}=0\) à la paroi).
Donnée(s)
Nous utilisons les résultats des Questions 2 et 3.
| Paramètre | Symbole | Valeur | Unité |
|---|---|---|---|
| Contrainte max induite | \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\) | 231.77 | MPa |
| Résistance du massif | \(\sigma_{\text{cmass}}\) | 78.23 | MPa |
Astuces
Même sans calculatrice, on voit que 231 est beaucoup plus grand que 78. L'ordre de grandeur est clair : la contrainte est environ 3 fois supérieure à la résistance.
Schéma (Avant les calculs)
On visualise une "balance" où la contrainte pèse beaucoup plus lourd que la résistance.
Calcul(s)
Étape 1 : Comparaison directe
On compare la contrainte induite (calculée à la Q2) avec la résistance du massif (calculée à la Q3).
Étape 2 : Calcul du Facteur de Sécurité (FS)
Le FS est le ratio de ce que la roche *peut* supporter (Résistance, Q3) sur ce qu'elle *doit* supporter (Contrainte, Q2).
Étape 3 : Interprétation
Un facteur de sécurité \(FS \approx 0.34\) est très inférieur à 1.0. Cela signifie que la contrainte induite est bien supérieure (environ 3 fois) à la résistance estimée du massif rocheux. Une rupture à la paroi est donc très probable.
Réflexions
Un facteur de sécurité de 0.34 est catastrophique. Il indique non seulement que la paroi va rompre, mais qu'elle va rompre de manière significative. La galerie est "sous-dimensionnée" pour cet environnement de contrainte. Puisque la roche est un granite (fragile), cette rupture sera probablement violente (rockburst).
Points de vigilance
Ne pas s'arrêter à "FS < 1". La *valeur* de FS est importante. Un FS de 0.9 est très différent d'un FS de 0.3. Ce dernier prédit une instabilité majeure et non une simple "écaille" de roche.
Points à retenir
La comparaison Contrainte vs Résistance est l'étape de diagnostic. Notre diagnostic est une rupture très probable.
- \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} \gg \sigma_{\text{cmass}}\)
- \(FS \approx 0.34\) (Instabilité majeure)
Le saviez-vous ?
Pour gérer un FS < 1, les ingénieurs ne peuvent pas changer les contraintes in-situ. Ils doivent soit (1) changer la forme du tunnel, (2) le creuser dans une roche de meilleure qualité, ou (3) installer un soutènement très lourd (boulons, treillis, béton projeté) pour contenir la roche brisée.
FAQ
...
Résultat Final
A vous de jouer
Calculez le Facteur de Sécurité (FS) pour le cas GSI = 75 (où \(\sigma_{\text{cmass}} = 44.84\) MPa) et \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\) = 231.77 MPa.
Mini Fiche Mémo
Synthèse de la Question 4 :
- Concept Clé : Facteur de Sécurité (FS).
- Formule Essentielle : \(FS = \text{Résistance} / \text{Contrainte}\).
- Résultat Clé : \(FS \approx 0.34\). Rupture attendue.
Question 5 : Calculer l'indice SSR et commenter le risque de rockburst
Principe
La rupture simple (Q4) n'est pas la même chose qu'un rockburst. Le rockburst est une rupture *violente* et *fragile*. Pour l'évaluer, on compare la contrainte induite non pas à la résistance du *massif* (\(\sigma_{\text{cmass}}\)), mais à la résistance de la roche *intacte* (\(\sigma_{\text{ci}}\)).
Mini-Cours
L'indice SSR (Stress-Strength Ratio) est un indicateur empirique de rockburst. $SSR = \sigma_{\theta\theta, \text{max}} / \sigma_{\text{ci}}$.
Les praticiens considèrent que :
- SSR < 0.3 : Risque faible
- 0.3 < SSR < 0.5 : Risque modéré (écaillage)
- SSR > 0.5 : Risque élevé de rockburst
Remarque Pédagogique
Cela peut sembler contre-intuitif. Pourquoi utiliser \(\sigma_{\text{ci}}\) (180 MPa) et non \(\sigma_{\text{cmass}}\) (78.2 MPa) ? Car le rockburst n'est pas une rupture ductile du massif ; c'est une rupture fragile de blocs de roche *intacte* près de la paroi, qui "explosent" sous la contrainte. Cet indice compare la charge (contrainte induite) à la capacité de la roche intacte à stocker l'énergie avant de rompre.
Normes
C'est un critère empirique très utilisé en ingénierie minière (par ex. par Kaiser, Diederichs, et al.) pour le dimensionnement du soutènement anti-rockburst.
Formule(s)
Indice de Contrainte (SSR)
Hypothèses
Nous supposons que la tendance au rockburst est corrélée à la contrainte tangentielle maximale par rapport à la résistance de la roche intacte.
Donnée(s)
Nous utilisons le résultat de Q2 et une donnée de l'énoncé.
| Paramètre | Symbole | Valeur | Unité |
|---|---|---|---|
| Contrainte max induite | \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\) | 231.77 | MPa |
| Résistance intacte | \(\sigma_{\text{ci}}\) | 180 | MPa |
Astuces
On voit immédiatement que la contrainte (231.77) est supérieure à la résistance de la roche intacte (180). Le SSR sera > 1.0. C'est une situation extrême.
Schéma (Avant les calculs)
On compare la "poussée" (231.77) à la "limite fragile" de l'échantillon de laboratoire (180).
Calcul(s)
Étape 1 : Calcul du SSR
On applique la formule \(SSR = \sigma_{\theta\theta, \text{max}} / \sigma_{\text{ci}}\). On utilise la contrainte maximale \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}}\) (231.77 MPa, calculée en Q2) et la résistance de la roche *intacte* \(\sigma_{\text{ci}}\) (180 MPa, donnée dans l'énoncé).
Schéma (Après les calculs)
Un SSR de 1.29 se situe très loin dans la zone de "Rockburst Sévère" sur les abaques de risque.
Abaque de Risque de Rockburst (Conceptuel)
Réflexions
Un SSR de 1.29 est exceptionnellement élevé. Il ne s'agit plus de savoir *si* la roche va rompre, mais *comment*. À ce niveau, la rupture sera très violente, explosive, et projettera des blocs à haute vitesse. C'est un risque de coup de terrain sévère.
Points de vigilance
Ne pas confondre FS (basé sur \(\sigma_{\text{cmass}}\)) et SSR (basé sur \(\sigma_{\text{ci}}\)). Le FS (0.34) nous dit que ça va casser. Le SSR (1.29) nous dit que ça va casser *violemment*.
Points à retenir
Le SSR est un indicateur empirique du *mode* de rupture (fragile/violent).
- \(SSR = \sigma_{\theta\theta, \text{max}} / \sigma_{\text{ci}}\)
- \(SSR \approx 1.29\) (\(> 0.5\)) \(\Rightarrow\) Risque très élevé de coup de terrain.
Le saviez-vous ?
Lors d'un coup de terrain, la vitesse d'éjection des blocs de roche peut dépasser 10 m/s (36 km/h). L'énergie libérée est comparable à un petit tremblement de terre, et peut endommager des équipements lourds et être fatale.
FAQ
...
Résultat Final
A vous de jouer
Calculez le SSR pour le cas hydrostatique (\(k=1.0\)), où vous aviez trouvé \(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} = 132.44\) MPa.
Mini Fiche Mémo
Synthèse de la Question 5 :
- Concept Clé : Indice de risque de Rockburst (SSR).
- Formule Essentielle : \(SSR = \sigma_{\theta\theta, \text{max}} / \sigma_{\text{ci}}\).
- Résultat Clé : \(SSR \approx 1.29\). Risque sévère.
Outil Interactif : Simulateur de Risque
Utilisez les curseurs pour voir comment la profondeur et le ratio de contrainte (k) influencent la contrainte maximale à la paroi et le risque de rockburst (SSR).
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Résultats Clés
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. La formule \(\sigma_{\text{v}} = \rho g z\) calcule :
2. Dans notre exercice, \(k = 1.5\). Qu'est-ce que cela implique ?
3. Le critère de Hoek-Brown, utilisant le GSI, sert à estimer :
4. Un Facteur de Sécurité \(FS = 0.34\) (calculé avec \(\sigma_{\text{cmass}}\)) signifie :
5. Un indice SSR (basé sur \(\sigma_{\text{ci}}\)) de 1.29 indique un risque de rockburst :
Glossaire
- Contrainte in-situ
- Les contraintes naturelles existant dans un massif rocheux avant tout creusement. Elles augmentent avec la profondeur.
- Coup de terrain (Rockburst)
- Phénomène d'instabilité de roche violent et soudain, libérant une grande quantité d'énergie, typique des mines profondes et des roches dures et fragiles.
- Critère de Hoek-Brown
- Un critère de rupture empirique utilisé pour prédire la résistance d'un massif rocheux en fonction de la qualité de ses discontinuités (GSI).
- GSI (Geological Strength Index)
- Indice de Force Géologique. Un système de classification visuelle (sur une échelle de ~5 à 100) pour estimer la qualité d'un massif rocheux. 100 est une roche intacte parfaite.
- Équations de Kirsch
- Une solution analytique (mathématique) pour calculer la redistribution des contraintes autour d'un trou circulaire dans un milieu élastique.
- SSR (Stress-Strength Ratio)
- Un indice empirique (\(\sigma_{\theta\theta, \text{max}} / \sigma_{\text{ci}}\)) utilisé pour évaluer le potentiel de rupture fragile et violente (rockburst).
- \(\sigma_{\text{ci}}\) (UCS)
- Résistance en compression uniaxiale (Uniaxial Compressive Strength) de la roche *intacte*, mesurée sur un échantillon en laboratoire.
- \(\sigma_{\text{cmass}}\)
- Résistance en compression uniaxiale estimée du *massif* rocheux, qui est affaiblie par la présence de joints et de fractures.
D’autres exercices de mécanique des roches:




















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