Géotechnique

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Géotechnique : Vérification à la rupture par traction des nappes de géosynthétique

Vérification à la rupture par traction des nappes de géosynthétique

Contexte : La Résistance à Long Terme des Géosynthétiques

La vérification de la stabilité à la traction est une étape fondamentale de la conception d'un mur en sol renforcé. Un géosynthétique, comme une géogrilleMatériau géosynthétique à structure ouverte (grille) utilisé pour renforcer le sol. Il possède une haute résistance en traction., possède une résistance à la traction nominale, mesurée en laboratoire dans des conditions idéales. Cependant, dans un ouvrage réel, cette résistance est affectée par plusieurs facteurs sur le long terme. Il est donc impératif de calculer une résistance de calculRésistance nominale d'un matériau affectée de facteurs de réduction pour tenir compte des incertitudes et des conditions réelles d'utilisation à long terme. en appliquant des facteurs de réduction pour le fluage, les dommages d'installation et la dégradation chimique. Cet exercice se concentre sur cette vérification essentielle.

Remarque Pédagogique : Cet exercice illustre un principe clé de l'ingénierie : le passage d'une propriété "brute" de matériau à une propriété de "design" sécuritaire. Comprendre comment et pourquoi on applique ces facteurs de réduction est essentiel pour garantir la durabilité et la sécurité des ouvrages géotechniques sur des décennies.


Objectifs Pédagogiques

  • Comprendre la différence entre résistance nominale et résistance de calcul.
  • Identifier les principaux facteurs de réduction pour les géosynthétiques.
  • Calculer la résistance de calcul à long terme (\(T_{al}\)) d'une géogrille.
  • Calculer l'effort de traction sollicitant une nappe de renforcement.
  • Effectuer la vérification de stabilité en comparant l'effort sollicitant à la résistance de calcul.

Données de l'étude

On étudie la stabilité à la traction de la nappe de géogrille la plus sollicitée (à la base) d'un mur en remblai renforcé de \(H = 5.0 \, \text{m}\).

Schéma de la Vérification
Remblai renforcé Nappe la plus basse Tmax Tal Vérification : Tal ≥ Tmax ?

Données :

  • Hauteur du mur : \(H = 5.0 \, \text{m}\)
  • Poids volumique du remblai : \(\gamma = 20 \, \text{kN/m}^3\)
  • Angle de frottement interne du remblai : \(\phi' = 35^\circ\)
  • Espacement vertical des géogrilles : \(S_v = 0.5 \, \text{m}\)
  • Résistance nominale à la traction (ultime) de la géogrille : \(T_{ult} = 90 \, \text{kN/ml}\)
  • Facteurs de réduction :
    • Fluage (Creep) : \(RF_{CR} = 2.5\)
    • Dommages d'installation : \(RF_{ID} = 1.2\)
    • Dégradation chimique : \(RF_{CD} = 1.1\)

Questions à traiter

  1. Calculer l'effort de traction maximal \(T_{max}\) agissant sur la nappe de géogrille située à la base du mur.
  2. Calculer la résistance de calcul à long terme (\(T_{al}\)) de la géogrille.
  3. Comparer l'effort de traction à la résistance de calcul et conclure sur la stabilité de la nappe à la rupture.

Correction : Vérification à la rupture par traction des nappes de géosynthétique

Question 1 : Effort de Traction Maximal (\(T_{\text{max}}\))

Principe :
Zone Sv σ'h,max Tmax

L'effort de traction dans la nappe la plus basse est déterminé par la pression horizontale maximale du sol (\(\sigma'_{\text{h,max}}\)) agissant sur la zone d'influence de cette nappe (\(S_v\)). On calcule d'abord le coefficient de poussée active \(K_a\), puis la contrainte à la base, et enfin l'effort par mètre linéaire de mur.

Remarque Pédagogique :

Point Clé : Cet effort représente la "demande" à laquelle le renforcement doit résister. C'est la force que le sol essaie d'exercer pour "sortir" du massif. La géogrille agit comme une attache qui l'en empêche.

Formule(s) utilisée(s) :
\[ K_a = \tan^2\left(45^\circ - \frac{\phi'}{2}\right) \]
\[ \sigma'_{\text{h,max}} = K_a \times \gamma \times H \]
\[ T_{\text{max}} = \sigma'_{\text{h,max}} \times S_v \]
Donnée(s) :
  • \(\phi' = 34^\circ\)
  • \(\gamma = 20 \, \text{kN/m}^3\)
  • \(H = 5.0 \, \text{m}\)
  • \(S_v = 0.5 \, \text{m}\)
Calcul(s) :
\[ \begin{aligned} K_a &= \tan^2\left(45^\circ - \frac{34^\circ}{2}\right) \\ &= \tan^2(28^\circ) \\ &\approx 0.283 \end{aligned} \]
\[ \begin{aligned} \sigma'_{\text{h,max}} &= 0.283 \times 20 \times 5.0 \\ &= 28.3 \, \text{kPa} \end{aligned} \]
\[ \begin{aligned} T_{\text{max}} &= 28.3 \, \text{kN/m}^2 \times 0.5 \, \text{m} \\ &= 14.15 \, \text{kN/ml} \end{aligned} \]
Points de vigilance :

Surcharges : Dans ce calcul simplifié, nous avons omis la surcharge pour nous concentrer sur la méthode. En pratique, toute surcharge en tête du mur (\(q\)) doit être ajoutée dans le calcul de la contrainte horizontale : \(\sigma'_h = K_a(\gamma z + q)\).

Le saviez-vous ?
Conclusion : L'effort de traction maximal sollicitant la nappe la plus basse est \(T_{\text{max}} = 14.15 \, \text{kN/ml}\).

Question 2 : Résistance de Calcul à Long Terme (\(T_{al}\))

Principe :
Tult (Nominale) Tal (Calcul) / (RFcr * RFid * RFcd)

La résistance nominale \(T_{ult}\), obtenue par des essais de traction rapides en laboratoire, n'est pas représentative de la performance du matériau sur 100 ans dans le sol. On calcule la résistance admissible à long terme \(T_{al}\) en divisant la résistance ultime par une série de facteurs de réduction qui modélisent les pertes de résistance dues au temps et aux conditions de chantier.

Remarque Pédagogique :

Point Clé : C'est le cœur de la conception avec les géosynthétiques. Ignorer ces facteurs de réduction reviendrait à surévaluer considérablement la résistance du matériau et à concevoir un ouvrage potentiellement dangereux. Chaque facteur représente un phénomène physique réel : le fluage (allongement lent), les griffures durant la pose, et l'attaque chimique par le sol.

Formule(s) utilisée(s) :
\[ T_{al} = \frac{T_{ult}}{RF_{CR} \times RF_{ID} \times RF_{CD}} \]
Donnée(s) :
  • \(T_{ult} = 90 \, \text{kN/ml}\)
  • \(RF_{CR} = 2.5\)
  • \(RF_{ID} = 1.2\)
  • \(RF_{CD} = 1.1\)
Calcul(s) :
\[ \begin{aligned} T_{al} &= \frac{90}{2.5 \times 1.2 \times 1.1} \\ &= \frac{90}{3.3} \\ &\approx 27.27 \, \text{kN/ml} \end{aligned} \]
Points de vigilance :

Source des facteurs : Les facteurs de réduction ne sont pas universels. Ils dépendent du type de polymère de la géogrille, du type de sol, et de la durée de vie de l'ouvrage. Ils doivent être fournis par le fabricant du géosynthétique ou tirés des normes en vigueur (ex: NF P 94-270 en France).

Le saviez-vous ?
Conclusion : La résistance de calcul à long terme de la géogrille est \(T_{al} \approx 27.27 \, \text{kN/ml}\).

Question 3 : Vérification de la Stabilité à la Rupture

Principe :
Comparaison Tal = 27.27 Tmax = 14.15

La vérification finale consiste simplement à comparer la "capacité" de la géogrille (\(T_{al}\)) à la "demande" de l'ouvrage (\(T_{max}\)). Pour que le design soit sûr, la capacité doit être supérieure ou égale à la demande.

Remarque Pédagogique :

Point Clé : Cette comparaison est l'aboutissement du processus de vérification de la stabilité interne à la traction. Un résultat positif (\(T_{al} \ge T_{max}\)) signifie que, pour la nappe la plus sollicitée, le risque de rupture du matériau lui-même est écarté, en tenant compte des effets à long terme.

Formule(s) utilisée(s) :
\[ \text{Vérification : } T_{al} \ge T_{max} \]
Donnée(s) :
  • \(T_{al} = 27.27 \, \text{kN/ml}\)
  • \(T_{max} = 14.15 \, \text{kN/ml}\)
Calcul(s) :
\[ 27.27 \, \text{kN/ml} \ge 14.15 \, \text{kN/ml} \Rightarrow \text{VÉRIFIÉ} \]
Points de vigilance :

Marge de sécurité : Même si la condition est strictement vérifiée, les ingénieurs aiment avoir une marge de sécurité confortable. Si \(T_{al}\) est très proche de \(T_{max}\) (par exemple, 20.1 kN vs 20.0 kN), il peut être prudent de choisir une géogrille légèrement plus résistante ou de revoir le design pour réduire les sollicitations.

Le saviez-vous ?
Conclusion : La résistance de la géogrille est suffisante pour reprendre l'effort de traction maximal. La stabilité interne à la traction est vérifiée.

Simulation Interactive de la Stabilité

Faites varier la résistance ultime de la géogrille et les facteurs de réduction pour voir leur impact direct sur la résistance de calcul et la marge de sécurité.

Paramètres de la Géogrille
Résistance de Calcul (Tal)
Facteur de Sécurité (Tal/Tmax)
Comparaison Résistance vs Sollicitation

Foire Aux Questions (FAQ)

Est-ce la seule vérification de stabilité interne ?

Non. Celle-ci concerne la rupture du matériau lui-même. Il faut également vérifier la stabilité à l'arrachement (pull-out), qui s'assure que la nappe ne glisse pas hors du sol. La longueur de la nappe doit être suffisante pour s'ancrer dans la zone stable du remblai.

Tous les géosynthétiques ont-ils les mêmes facteurs de réduction ?

Absolument pas. Les facteurs de réduction, en particulier pour le fluage, dépendent énormément du polymère utilisé. Le polyester (PET) a un comportement au fluage bien meilleur que le polypropylène (PP) ou le polyéthylène haute densité (PEHD), et aura donc des facteurs de réduction plus faibles.


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Si le facteur de réduction pour le fluage (\(RF_{CR}\)) augmente, la résistance de calcul à long terme \(T_{al}\) :

2. La résistance \(T_{ult}\) est une propriété...


Glossaire

Résistance Ultime (\(T_{ult}\))
Résistance maximale à la traction d'un matériau, mesurée lors d'un essai à court terme jusqu'à la rupture.
Résistance de Calcul (\(T_{al}\))
Résistance d'un matériau utilisée pour le dimensionnement, obtenue en divisant la résistance ultime par des facteurs de réduction pour tenir compte des effets à long terme.
Fluage (Creep)
Déformation lente et continue d'un matériau soumis à une contrainte constante. Pour les polymères, ce phénomène entraîne une perte de résistance au fil du temps.
Facteur de Réduction (RF)
Coefficient (supérieur à 1) appliqué à une résistance nominale pour obtenir une résistance de calcul sécuritaire.
Vérification à la rupture par traction des nappes de géosynthétique

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